Qasba de Mehdiya
Un carrefour stratégique entre terre, fleuve et océan
Dominant l’embouchure du Sebou, la Qasba de Mehdya constitue un site emblématique de l’histoire militaire, commerciale et architecturale du Maroc. Installée sur un promontoire rocheux de 40 hectares, elle témoigne de plus de dix siècles d’occupations successives, de luttes de pouvoir, d’échanges transméditerranéens et de réaménagements stratégiques.
Une position convoitée depuis l’Antiquité
Les origines de Mehdya restent partiellement obscures, mais son site est mentionné dès l’époque punique, peut-être sous le nom de Thymiatérion, puis comme Subur à l’époque romaine. À partir du Xe siècle, la zone est occupée sous le nom de Marsat al-Maamora, et devient un pôle de construction navale sous les Almohades au XIIe siècle. Grâce à sa position stratégique – entre océan, plaine du Gharb et routes vers Fès –, elle joue un rôle clé dans les circuits commerciaux et militaires.
De l’occupation ibérique à la reconquête alaouite
Successivement convoitée par les Portugais (1515), les corsaires maghrébins, puis occupée par les Espagnols en 1614, la presqu’île de Mehdya prend une nouvelle tournure avec l’édification de la forteresse San Miguel de Ultramar. Cette dernière devient le cœur de la Qasba actuelle.
En 1681, Moulay Ismaïl reconquiert la place, la rebaptise el-Mehdia (« le Bien Offert »), et l’intègre à son dispositif de défense maritime. Il transforme l’ancien bastion espagnol en une citadelle alaouite complète, équipée de structures militaires, résidentielles, religieuses et logistiques : Dar al-Makhzen, mosquée, médersa, fondouk, écuries, greniers, et bastions renforcés. La monumentale Bab Jedid, ornée d’une inscription et encadrée de tours crénelées, devient l’un des symboles architecturaux du site.
Un art de vivre militaire et raffiné
La résidence du gouverneur se distingue par sa qualité architecturale et la finesse de ses décors : portes sculptées, patio central pavé de zelliges, arcs élégants, claustras et hammam témoignent de l’aboutissement d’un art de vivre et de gouverner sous les Alaouites. À proximité, la maison du caïd, les vestiges du fortin espagnol San Gusman et d’anciens entrepôts complètent cet ensemble cohérent, à la fois défensif et fonctionnel.
De la guerre mondiale à la mémoire patrimoniale
Au XXe siècle, la Qasba redevient un lieu stratégique : base logistique en 1911 pour le corps expéditionnaire français, elle est de nouveau marquée par l’histoire lors du débarquement allié du 8 novembre 1942 (opération Torch). Les combats endommagent plusieurs éléments, dont Bab Jedid. À partir de 1959, la Qasba est vidée de ses habitants pour devenir un site patrimonial d’exception, figé dans la mémoire collective marocaine.
Un paysage historique entre fleuve, forêt et océan
L’ensemble formé par la Qasba, l’estuaire du Sebou, la forêt de Maamora et le littoral atlantique compose un paysage culturel stratifié, mêlant héritages antiques, architectures islamiques et empreintes coloniales. Lieu de croisements culturels, d’enjeux géopolitiques et de résilience urbaine, la Qasba de Mehdya incarne une mémoire vivante des tensions et des échanges entre l’intérieur et le large.
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