Bab Fès

Bâb Fès – Une sentinelle des origines

Un vestige rescapé des siècles Également appelée Bâb Lakhmis, cette porte monumentale est l’une des plus anciennes de la ville de Salé. Si sa structure actuelle date de l’époque mérinide (XIIIe-XIVe siècles), certaines sources évoquent une origine almoravide, bien antérieure. Lors de la destruction massive de l’enceinte par le calife almohade Abd el-Moumen en 1183, Bâb Fès fut miraculeusement épargnée, ce qui en fait un rare témoin du passé pré-almohade.

Une architecture de défense renforcée : Quatre tours, un message de puissance
Flanquée de quatre tours carrées massives, la porte impose par sa rigueur militaire. Ces structures confèrent à l’ensemble une allure presque forteresse, soulignant son rôle défensif dans la protection de la ville.

Le chemin de ronde : surveillance et stratégie

Accessible par des escaliers en façade, un chemin de ronde permettait aux gardes de surveiller les abords extérieurs. Ce dispositif témoigne de l’importance stratégique de la porte dans le système défensif de Salé.

Un passage coudé, entre contrôle et protection

Une double entrée pour mieux filtrer l’accès à la médina se fait par une cour intérieure protégée par deux portes en vis-à-vis, créant un sas défensif.

Ce type de passage coudé rendait les intrusions plus difficiles, tout en permettant un contrôle rigoureux des flux.

Des arcs opposés, des usages différenciés À l’extérieur, un arc en fer à cheval surmonté d’un auvent profond (plus de 2 mètres) abrite l’entrée principale. À l’intérieur, un arc à merlons introduit l’univers urbain. Une petite porte latérale, plus discrète, reliait directement la médina, facilitant les déplacements au quotidien.

Une porte entre deux dynasties L’héritage almoravide restauré par les Mérinides
Bâb Fès illustre une continuité remarquable entre dynasties. Les Mérinides, soucieux de restaurer l’enceinte détruite par leurs prédécesseurs, ont conservé cette porte ancestrale tout en l’adaptant aux nouvelles normes défensives, symbolisant à la fois la mémoire, la résilience et l’évolution du pouvoir urbain.