Dar El baroud
Un site stratégique au riche passé historique
Situé à 34 mètres d’altitude, le site de Dar al-Baroud domine la partie orientale de la médina de Salé, dont il constitue le point culminant. Cet espace clos d’une superficie de 1,5 hectare s’inscrit dans un cadre historique particulièrement riche, jouxtant le tronçon oriental des remparts – considéré comme le plus ancien de la ville, avec des origines remontant aux Banu Yafran au XIe siècle. Ces murailles, tour à tour démantelées par le calife almohade Abd el-Muoumen (1147-1163) puis reconstruites par Yacoub el-Mansur, ont connu plusieurs campagnes de restauration aux XVIIIe et XIXe siècles.
Le toponyme « Dar al-Baroud » (Maison de la Poudre) trouve son origine dans la décision stratégique du sultan Moulay Abd al-Rahman ibn Hicham qui y établit en 1846 un arsenal et une poudrière. Cette installation militaire répondait à un double impératif : contrer les menaces des escadres françaises (1844 et 1851) et contre carrer les rébellions des tribus insoumises de l’arrière-pays. Le chroniqueur mohammed ibn Ali Dukkali en a laissé une description précise : « De forme carrée, elle abrite des chambres et des entrepôts réservés aux munitions », située entre Dar al-Sina’a et Bab Fas.
Le destin du site bascula en juillet 1911 lorsque l’administration du protectorat français le détruisit pour en faire un dépôt de fourrage – d’où son appellation ultérieure de « Parc de fourrage ».
La redécouverte d’un passé artisanal enfoui
Les récentes fouilles de sauvetage réalisées en 2019 ont mis au jour un aspect oublié de l’histoire de ce site. En effet, jadis Dar el Baroud fut un quartier artisanal médiéval, consacré à la production de céramique, hypothèse corroborée par l’archéologie. Les recherches ont confirmé l’existence d’une trentaine de fours aux typologies variées, accompagnés d’ateliers de fabrication et de structures annexes. En outre, une importante quantité de céramiques, des ratés de cuisson ainsi que divers outils destinés à la production et à la cuisson ont été mis au jour lors de ces campagnes.
L’emplacement de ce quartier, situé dans une zone périphérique de la médina et adjacent à la muraille, répondait à des impératifs bien précis. Sa localisation visait à le maintenir à l’écart des zones résidentielles et à exploiter les vents côtiers dominants, soufflant depuis l’ouest, afin de minimiser les nuisances liées aux fumées générées par les fours. Ce choix stratégique souligne l’interface entre les considérations urbaines et artisanales dans l’organisation de la médina.
Un patrimoine céramique vivant et unique au Maghreb
Cette découverte amène à conclure que le site illustre avec éloquence la permanence et la pérennité de l’art de la céramique à Salé depuis la période médiévale à nos jours. Une tradition, toujours vivante, immortalisée à travers le quartier des potiers d’al-Oualja, où le savoir-faire des potiers continue de se transmettre de génération en génération, préservant ainsi une expertise ancestrale authentique.
Par son étendue remarquable, l’ancienneté et l’abondance de ses structures, la richesse typologique des fours découverts et la diversité des matériaux exhumés, ce quartier de potiers médiéval se distingue comme un site unique au Maroc et dans tout le Maghreb. Sa singularité en fait une découverte majeure nécessitant une attention scientifique accrue.
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