Au début du 20ᵉ siècle, Rabat s’impose comme un modèle de cité-jardin, résultat d’une planification visionnaire menée sous l’impulsion de Lyautey. Il confie à Jean Claude Nicolas Forestier la mission de concevoir une ville intégrante harmonieusement espaces verts et urbanisme. Son rapport définit un cadre structurant où jardins publics, voiries hiérarchisées et zonage réglementé façonnent l’extension de la capitale.
L’architecte Henri Prost partage cette vision et élabore un système de parcs gradués, allant des grandes réserves aux jardins de quartier. Cette approche transforme Rabat en ville-jardin où les bâtiments s’insèrent dans un environnement verdoyant, ponctué de kiosques et fontaines, créant un cadre résidentiel paisible. De cette initiative on voit naitre des jardins emblématiques tel que le Jardin du « Triangle de Vue », aujourd’hui Nouzhat Hassan, conçu en 1924 par Marcel Zaborsky, qui relie la médina et la ville nouvelle, le jardin de la Résidence Lyautey, le jardin Belvédère et le jardin d’essais.
Le Jardin d’Essais Botaniques de Rabat, fait partie des huit composantes du bien « Rabat, Capitale Moderne et Ville Historique : Un Patrimoine en Partage », classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012.
Créé en 1914, ce jardin s’étend sur 17 hectares et a été développé en trois phases sous la direction des architectes paysagistes Jean-Claude Nicolas Forestier et Albert Laprade. Conçu initialement comme un jardin d’acclimatation et de recherche scientifique, il avait pour objectif d’introduire et d’acclimater des espèces végétales provenant de divers climats, tout en servant de lieu de détente pour le public.
Le jardin incarne un style moderne unique, fusionnant l’art des jardins marocains et français. Sa composition géométrique et symétrique, organisée autour d’une perspective centrale avec des terrasses à la française, est bien conservée. Les alignements de ficus, les bassins et les fontaines structurent l’espace, et les parcelles destinées à l’expérimentation sont encore préservées.
Le Jardin d’Essais abrite plus de 650 espèces ornementales et fruitières, reflétant une grande diversité génétique et écologique. En plus de son importance botanique, le jardin joue un rôle crucial dans la préservation de plantes rares et en voie de disparition au Maroc, tout en offrant un cadre éducatif pour des activités liées à l’histoire botanique et à l’écologie.
Le Jardin d’Essais Botaniques de Rabat constitue aujourd’hui un véritable poumon vert pour la ville. Alliant patrimoine historique, vocation scientifique et espace de détente, il illustre parfaitement le concept de ville-jardin tout en contribuant à la préservation de l’environnement
