Immeuble à encorbellement tapissé

À la sortie de la gare ferroviaire Rabat-Ville, ce bâtiment s’impose comme l’un des éléments architecturaux marquants qui ponctue avec caractère la place. Œuvre de l’architecte Léon Dumas, il fut édifié entre 1924 et 1929. L’édifice se déploie sur trois façades, dont celle orientée vers la gare qui se distingue par son architecture et sa décoration.

Le rez-de-chaussée, dédié au commerce, sert de socle à un imposant avant-corps qui émerge à partir du premier étage, tel un volume suspendu. Traité comme une composition autonome, il fait plus office de registre ornemental entièrement tapissé d’un motif en étoiles à huit branches. Le décor, peint dans un ton jaune sable, confère à la façade un caractère à la fois local et ornemental.

Cet avant-corps suit une progression raffinée, d’une simplicité relative vers une complexité croissante au fil des étages. Le premier niveau présente de hautes ouvertures rectangulaires, sobres et verticales. Le deuxième étage s’anime avec deux portes-fenêtres encadrées par une balustrade droite. Au troisième, une loggia se dessine à travers trois balconnets communicants, délimités par des garde-corps courbes, tandis qu’au quatrième étage, une seconde loggia prend forme, également composée de trois balconnets unifiés, mais cette fois soulignée par trois arcs en plein cintre sur deux colonnes à chapiteaux lisses. La partie sommitale de la façade est rehaussée par une frise de zellige polychrome aux motifs enchevêtrés, délimité par un auvent que soulignent des tuiles vertes. Le vocabulaire néo-mauresque de l’ensemble n’est pas sans rappeler l’allure monumentale des minarets marocains, dont il semble s’inspirer avec subtilité.