La muraille almohade de Rabat

La muraille almohade de Rabat constitue l’un des témoignages les plus remarquables de l’architecture militaire médiévale au Maroc. Édifiée au XIIᵉ siècle sous le règne du calife Abd al-Mumin, puis développée par son petit-fils Abū Yūsuf Yaʿqūb al-Mansūr, elle devait protéger la nouvelle capitale impériale projetée par les Almohades.

Conçue pour rivaliser avec Marrakech et surpasser Séville, la ville almohade de Rabat était entourée d’une vaste enceinte de près de 5 km de long, ponctuée de tours rectangulaires et percée de portes monumentales. Parmi celles-ci, la Bab al-Ruwah impressionne par ses proportions et son décor géométrique et épigraphique, tandis que la Bab al-Had ou la Bab Zaer témoignent de la sophistication défensive almohade.

La muraille, principalement construite en pisé, combinait robustesse et ingéniosité : ses tours massives, disposées à intervalles réguliers, offraient un système défensif efficace, renforcé par des passages internes en chicanes. La grande mosquée – restée inachevée – et son minaret colossal devaient compléter ce projet impérial ambitieux.

Si la cité almohade n’a jamais été pleinement réalisée après la mort d’al-Mansūr, la muraille demeure un élément fondateur de Rabat, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle illustre à la fois la puissance des Almohades, leur vision urbanistique, et l’ancrage de Rabat dans l’histoire des grandes capitales du monde islamique.