LA QASBA DE DCHIRA

Un post de gué de rabat au temps des almohades

Les ruines de Dchira, situées à 17 km au sud de Rabat, s’imposent comme une pièce maîtresse de l’histoire militaire almohade. Positionnées entre les sources de Aïn Attig et Aïn Gbula, elles constituent un point d’observation stratégique, idéal pour surveiller le territoire environnant et contrôler les ressources hydriques vitales de la région.

L’architecture militaire dans toute sa puissance

L’enceinte, de dimensions impressionnantes (286,5 mètres de longueur, 277,5 mètres de largeur, et 143 à 145 mètres de côté), est un exemple manifeste de l’ingéniosité des bâtisseurs almohades. Les fortifications sont soutenues par seize tours, judicieusement réparties pour assurer une couverture défensive optimale : quatre sur chaque côté long, deux sur les côtés courts et une à chaque angle. Ces tours, bien conçues, ne font pas corps avec la courtine mais lui sont adossées, permettant de maintenir l’intégrité du chemin de ronde.  Les matériaux employés pour la construction de la forteresse se composent de moellons à peine dégrossis, liés par un mortier rougeâtre à base de chaux. La finesse du travail se remarque particulièrement au niveau des tours et de la porte principale, où l’appareil est soigneusement élaboré, reflétant le savoir-faire almohade.

Une organisation interne révélatrice

Dchira n’était pas simplement une forteresse ; elle abritait également des bâtiments et des habitations, aujourd’hui réduits à des vestiges. À proximité du rempart nord, les fondations d’une petite mosquée ajoutent une dimension spirituelle au site, témoignant de l’importance accordée aux pratiques religieuses même dans des contextes militaires.

Un rôle stratégique et défensif crucial

Les données archéologiques suggèrent que Dchira servait de forteresse ou de village fortifié, destiné à abriter des troupes almohades et leurs familles. Son rôle principal était de surveiller en permanence la source de Aïn Gbula, une ressource essentielle pour Rabat et ses environs. En outre, la position de Dchira contribuait à sécuriser l’accès à l’autre rive du Bouregreg, consolidant l’autorité almohade dans cette région stratégique.

Datation et héritage almohade 

L’archéologie attribue la construction de Dchira au milieu du XIIᵉ siècle, sous l’ère almohade. Cette datation repose sur les techniques et la nature les matériaux utilisés ainsi que les artefacts archéologiques découverts. Ces éléments renforcent l’hypothèse que Dchira faisait partie d’un réseau almohade défensif bien coordonné.

Un patrimoine remarquable à préserver 

Dchira, classée monument historique depuis le 18 juillet 2011, occupe une superficie totale de 4,88 hectares, dont 3,77 hectares aménagés et 1,11 hectare destiné à une zone de protection. Ce site, bien qu’à l’état de ruines, conserve une une importance prééminente qui découle du  rôle clé qu’il a joué dans le contrôle de l’arrière-pays de Rabat.