Site antique et médiéval de Rirha

Un carrefour millénaire sur les rives du Beht

Enclavée dans un méandre de l’oued Beht, à huit kilomètres au nord de Sidi Slimane, Rirha s’étire discrètement sur une dizaine d’hectares. Ce site archéologique, probablement identifié à l’antique Gilda, citée par Ptolémée et d’autres auteurs anciens, se révèle comme un témoignage rare de la continuité d’occupation de la vallée du Gharb, depuis l’époque maurétanienne jusqu’à la fin du Moyen Âge.

Un site à la stratigraphie exceptionnelle

Exploré dès 1920 par Louis Chatelain et Henri Desroziers, le site de Rirha a révélé des vestiges d’époque romaine, dont une portion de voie dallée, une enceinte du IIᵉ siècle, deux maisons à péristyle et des inscriptions latines. En 1955, les fouilles dirigées par Michel Euzennat ont mis au jour des structures en terre crue, des céramiques locales et importées, ainsi que des monnaies anciennes. Mais c’est la reprise des recherches à partir de 2004 qui a profondément renouvelé la connaissance du site.

Les campagnes de fouilles menées depuis 2005 ont permis d’identifier une occupation continue du VIᵉ siècle av. J.-C. au XIVᵉ siècle apr. J.-C. Rirha se distingue par la richesse de ses niveaux maurétaniens : entre le Ve siècle av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C., le site connaît une intense activité domestique et artisanale, soutenue par des échanges méditerranéens, comme l’attestent amphores et céramiques de provenance variée.

Une cité lettrée et connectée

L’une des découvertes les plus remarquables de ces dernières décennies fut celle, en 2008, de deux inscriptions néo-puniques gravées sur des ostraca d’amphores. Ces textes de cinq à six lignes, datés du début du Ier siècle apr. J.-C., dormaient dans une amphore enfouie dans une pièce carrée, vestige d’une restructuration urbaine. Témoignant d’un usage prolongé de l’écriture néo-punique, ils révèlent la permanence de traditions culturelles anciennes dans une cité en mutation.

Par sa profondeur chronologique et la variété de ses vestiges, Rirha incarne un nœud culturel et commercial, où l’on perçoit les influences maurétaniennes, puniques, romaines et islamiques. Le site constitue ainsi un laboratoire d’observation privilégié de l’évolution des sociétés du Maroc antique et médiéval.