Rabat fut destinée au XIIème siècle à devenir la capitale du pays durant l’apogée de la dynastie almohade, qui étendait alors son pouvoir sur l’Afrique du Nord et l’Andalousie. Cependant, ce projet n’a pas été concrétisé à l’époque. Cette ambition refait surface lorsqu’on décida au début du XXème siècle de faire de Rabat la nouvelle capitale du Royaume. Ce dessein ressuscité nécessita de penser la ville selon les aspirations d’une époque moderne, tout en respectant l’héritage du passé.
Chargé de concevoir cette évolution de la ville, l’urbaniste Henri Prost élabora dès 1915 un plan d’extension visionnaire. Il proposa une organisation spatiale respectueuse de la topographie naturelle, des jardins existants et de la médina, cœur vivant et historique de la cité. Il dessina une ville nouvelle, distincte, séparée de l’ancienne par une zone non constructible destinée à préserver son identité. Ainsi, Rabat s’étira, s’équilibra et trouva dans cette recomposition urbaine l’élan d’une capitale accomplie.
L’urbanisme de la nouvelle ville de Rabat s’articule autour du principe du zoning, attribuant à chaque espace une fonction spécifique. Cette approche prévoit également l’aménagement de vastes axes de circulation, conçus pour intégrer l’essor de l’automobile. Par ailleurs, la nature y est judicieusement incorporée à travers des parcs et une trame végétale qui structure et parcourt l’espace urbain. Le zonage est appliqué, avec des quartiers dédiés à l’administration, à l’habitat et aux loisirs. Inspiré par les travaux de Jean-Claude Nicolas Forestier, le plan intègre trois grands jardins : le jardin d’Essais, le jardin du Triangle de vue et le jardin du Belvédère, ainsi que les sites historiques de la mosquée Hassan et du Chellah.
L’organisation urbaine repose sur une trame verte et des artères adaptées aux anciennes pistes. Dans le prolongement des rues de la médina partent trois grands axes en direction des hauteurs de la ville, recoupés par plusieurs voies de circulation. C’est une conception qui ne relève ni d’une impulsion rapide ni d’un arbitrage expéditif, mais s’inscrit dans un processus méthodique et rigoureux, jalonné de décisions mûrement réfléchies et de compromis subtils. Dès le début des années 1920, alors que les premiers plans directeurs n’en étaient qu’à l’état d’ébauche, l’organisation architecturale peinait à trouver son équilibre entre les impératifs de rationalisation administrative et la quête d’une harmonie formelle et esthétique. Il fallut quatorze années d’ajustements successifs, de concertations et de débats techniques pour aboutir à la configuration définitive de l’avenue Mohammed V, artère centrale et régulateur de la capitale, dont le cadre réglementaire ne fut stabilisé qu’au terme d’un processus d’affinement progressif.
Parmi les bâtiments emblématiques qui reflètent la richesse de l’architecture du 20ème siècle on trouve
- la Gare de Rabat-Ville
- le Parlement,
- L’ensemble immobilier Balima constitué de l’hôtel Balima, l’hôtel central et les immeubles adjacents
- Les immeubles de l’avenue Mohammed V
- Le Siège de la Fondation poiur la sauvegarde du patrimoine Culturel de Rabat
- Le Bâtiment de Bank-Al maghrib
- Le bâtiment de la poste
- Le bâtiment d’ittisalat Al Maghrib
- Les sièges des Ministères sis au quartier administratif
- La Cathédrale saint pierre
- La mosquée Moulina
Rabat incarne ainsi une synthèse architecturale raffinée, alliant prestige culturel et habitat fonctionnel, tout en reflétant un dialogue entre passé et modernité. Cette ville offre un patrimoine urbain d’une richesse remarquable, témoignant d’une époque charnière dans l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture.