Le quartier des Habous de Diour Jamaâ, conçu dans les années 1920, est un modèle d’urbanisme néo-traditionnel inspiré des médinas marocaines. Son aménagement s’inscrit dans la politique du protectorat visant à créer des espaces résidentiels pour la population marocaine tout en intégrant les codes architecturaux traditionnels. Son tracé urbain dense, structuré autour de ruelles étroites et de places, favorise une vie communautaire animée.
L’architecture du quartier repose sur l’utilisation du grès dunaire de Salé, conférant une esthétique soignée à ses façades épurées et ses toitures en terrasse. Les habitations, bien que modestes, adoptent les éléments classiques de l’architecture arabo-islamique avec des patios et des ouvertures en arcs plein cintre. L’aménagement comprend également des infrastructures essentielles comme un hammam, un four traditionnel, une école achevée en 1938, ainsi qu’un marché et des commerces de proximité qui dynamisent la vie du quartier.
Une conception urbaine influencée par la tradition et la modernité
L’initiative de ce projet revient à l’architecte français Albert Laprade, assisté d’Auguste Cadet et Edmond Brian, sous la supervision de l’urbaniste Henri Prost et du maréchal Lyautey. Contrairement aux médinas historiques, développées de manière organique, le quartier des Habous a été pensé et planifié dès l’origine. Il reflète une fusion entre l’héritage architectural mauresque et des principes modernes, alliant tradition et fonctionnalité.
Sa disposition rappelle celle d’une médina, mais avec des rues plus larges et un tracé structuré. Les commerces sont concentrés le long de l’avenue Hassan II, limitant ainsi l’encombrement à l’intérieur du quartier. Des éléments occidentaux y sont subtilement intégrés, créant une synthèse harmonieuse entre deux cultures.
Un projet pensé pour désengorger la médina de Rabat
La création de ce quartier répondait à un besoin urgent de logement pour les nouvelles populations attirées par la capitale. Il était destiné aux classes moyennes musulmanes, notamment des employés de l’administration et quelques notables. Il devait également être distinct de la ville européenne en construction, réservée aux colons. L’emplacement choisi se situait légèrement en retrait des remparts almohades, au sein d’anciens vergers.
Le quartier est organisé en trois îlots résidentiels. Certaines maisons bénéficient de petits jardins privatifs, ajoutant des touches de verdure à l’ensemble. L’architecture intérieure s’inspire des maisons traditionnelles avec des patios centraux, des galeries et des façades souvent aveugles, préservant ainsi l’intimité des habitants. La pierre de grès dunaire est largement utilisée, aussi bien pour les structures porteuses que pour les éléments décoratifs comme les arcs polylobés et les cheminées sculptées.
Des équipements intégrés pour un cadre de vie harmonieux
Le quartier se distingue par sa conception autonome, intégrant logements, un marché, et des commerces de proximité, des lieux de culte et équipements collectifs qui perpétuent une dynamique sociale et commerciale essentielle à la vie locale.
La Madrasat Al Ahbass, achevée en 1938 et inaugurée en 1945 par feu le Roi Mohammed V, était un modèle d’architecture néo-mauresque.
Le quartier compte deux mosquées : la Mosquée Omar Saqqaf, édifiée dès le début du projet, et la Mosquée Frej, construite en 1936. Le hammam traditionnel, Deux fours traditionnels servaient également de points de rencontre et d’échange entre les habitants.